Philobitude
Son œuvre évolue tout au long de sa carrière du figuratif vers l’abstraction, et est associée à l’École de Paris, autour de plusieurs peintres aux origines russes, dont Nicolas De Staël ou Serge Poliakoff
Né en 1902 à Moscou, Andreï Mikhaïlovitch Lanskoy est un peintre russe ayant émigré en France au début du XXe siècle
André Lanskoy est le fils aîné d’un comte russe. Il passe une enfance aisée à Saint-Pétersbourg où son père est banquier. En 1917, il s’inscrit à l’école des cadets de Pétrograd, et s’enrole deux ans plus tard dans l’armée du tsar pour combattre en Crimée, alors qu’il n’a que 17 ans ! La même année, le pouvoir du tsar est renversé par la Révolution d’Octobre et les communistes s’emparent du pays. Appartenant à l’aristocratie aisée, le jeune André et sa famille doivent se réfugier à Kiev en 1918. Là, Lanskoy commence à explorer son attrait pour l’art en fréquentant régulièrement l’atelier d’Alexandra Exter. Bientôt, le jeune homme commence à peindre ses premières œuvres à l’aquarelle.
En 1919, Lanskoy rejoint l’Armée blanche pour combattre les forces communistes. Mais après la défaite de cette dernière, il rejoint ses parents exilés à Berlin. En 1921, il rejoint finalement la France. A Paris, il entre en contact avec ses compatriotes d’exil et découvre la peinture de Van Gogh et d’Henri Matisse. C’est décidé, il sera peintre ! Pour cela, Lanskoy suit des cours à l’Académie de la Grande Chaumière où il rencontre Soutine. L’artiste se fait remarquer assez rapidement, notamment par un certain Wilhelm Uhde, qui l’aide à se faire une réputation dans le monde de l’art parisien.
En 1923, Lanskoy expose pour la première fois aux côtés de son ami Soutine et d’autres peintres russes à la galerie La Licorne, ainsi qu’à la mairie du XVIe arrondissement grâce à l’intervention des russes Mikhaïl Larionov et Natalia Gontcharova. Ces débuts plutôt prometteurs lui permettent d’exposer au Salon d’Automne, un rendez-vous artistique alors très prisé des amateurs et des collectionneurs. Du reste, c’est là qu’il forge une réputation solide auprès des acheteurs, puisque les collectionneurs Zborowsky et Snegaroff, fascinés par le jeune peintre, lui achètent ses premières œuvres.
D’abord figuratif, les tableaux de Lanskoy évoluent progressivement vers une abstraction marquée par le cubisme et les avant-gardes européennes. Ses compositions viennent déconstruire la représentation de l’espace et des objets, dans une palette de couleur toujours nuancée. André Lanskoy comprend dès ses débuts que le fil conducteur de son œuvre sera le travail de la matière. Ce n’est pourtant qu’à partir de 1942, après s’être fait connaître surtout grâce à ses portraits figuratifs, que Lanskoy expose pour la première fois ses toiles abstraites à la galerie Berri-Raspail.
En 1945, Lanskoy a toute sa place aux côtés des plus grands : il participe à l’exposition Vingt Ans chez Jeanne Bucher aux côtés de Chagall, Braque, Léger, Miro ou Picasso. En 1949, l’État français lui achète sa toile Multitude. Dans les années 1950, André Lanskoy développe son activité à l’échelle nationale et internationale, et s’intéresse à la tapisserie et à la mosaïque. A la fin de la décennie, son ascension atteint un sommet avec d’une part, une rétrospective organisée par le Fine Art Associates à New York et, d’autre part, l’achat de ses toiles par plusieurs grands musées internationaux comme le musée Guggenheim qui s’offre sa peinture à l’huile Lecture à voix basse. En 1976, André Lanskoy meurt à Paris.