Philobitude
Bram Bogart est étroitement lié au mouvement Cobra
Né en 1921 à Delft, aux Pays-Bas, Abraham van den Boogart - dit Bram Bogart - est un artiste belge dont les peintures sont connues pour leur expressivité et leur matière épaisse.
Dans un premier temps, Bram Bogart suit une formation de peintre en bâtiment et gagne sa vie en peignant des enseignes commerciales pour le cinéma à Rotterdam ! C’est par correspondance qu’il complète ensuite sa formation, avant de suivre des cours à l’académie des Beaux-Arts de la Haye. Cette inscription avait surtout l’avantage pour lui d’éviter l’enrôlement par l’armée allemande à l’approche de la Seconde Guerre mondiale.
En 1946, Bogart s’installe en France, d’abord à Paris puis au Cannet sur la Côte d’Azur. D’abord figuratif, son travail évolue au cours de la décennie qui suit son installation en France, et tire de plus en plus vers l’abstraction. Partant des paysages et des natures mortes, ses toiles deviennent progressivement plus géométriques et symétriques et représentent souvent des arbres et des maisons sur des axes verticaux ou horizontaux. C’est dans sa cave-atelier du Cannet que Bogart commence à expérimenter le mélange de peintures à l’eau et à l’huile, obtenant une coloration intense et une finition crayeuse et mate qui s’inspire en partie des façades de l’architecture environnante.
Dans les années 1950, l’aspect figuratif de son travail est devenu schématique et se résume à des symboles abstraits placés dans des sections définies de la composition. En 1949, il rejoint le mouvement CoBrA, formé à partir des premières lettres des villes de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Ce collectif regroupe des artistes issus des avant-gardes d’Europe du Nord souhaitant se détacher de l’abstraction géométrique. Malgré une existence très brève, ce groupe aura une influence capitale sur le cours de l’histoire de l’art de la seconde moitié du XXe siècle.
Bogart reste à Paris pendant les années 1950, louant un espace partagé dans une ancienne maroquinerie de la rue Santeuil, période pendant laquelle son travail devient plus gestuel et expansif. Dans des tableaux tels que Cristal Baroque (1959), Bogart intègre une écriture qui se veut gestuelle au sein d’une surface coagulée de couche épaisse. En 1959, l’artiste retourne à Bruxelles tout en faisant des séjours fréquents à Rome où il se lie à Willem De Kooning et Lucio Fontana. À Bruxelles, Bogart commence à peindre sur le sol, augmentant la densité de sa peinture. Traitant la toile comme un mur, il se concentre sur les idées de stabilité et d’objet, limitant sa palette à quelques couleurs et construisant des images avec de grandes plaques ou de grands coups de pinceau. Dans les années 1970, Bogart continue à faire évoluer son travail, faisant déborder la peinture sur les côtés de la toile pour créer un champ pictural total, sans interruption de l’espace.
A la recherche d’un perpétuel équilibre entre ordre et informe, suivant une quête conceptuelle, Bogart emploie une masse de peinture toujours plus importante. A partir des années 1980, l’artiste repousse encore plus loin la notion de structure et de construction de l’œuvre en augmentant la densité et la superficie des champs de couleurs de ses toiles. Ainsi, la série colorée des « dab » présente-t-elle des petits monticules de peinture sans que ceux-ci ne soient connectés entre eux.
Au cours de sa carrière, Bram Bogart a exposé dans de nombreux pays et en 1970, il représente la Belgique à l’occasion de la 35e Biennale de Venise. Aujourd’hui, son œuvre fait partie des plus grandes collections muséales mondiales, telles que celles du Tate à Londres et du Yuan Art Museum de Pékin. Il meurt à Kortenbos, en Belgique, en 2012.