Au XIXe siècle, certains ateliers locaux avaient fait le choix de remettre au goût du jour les techniques d’émail du Moyen-Âge. Reprises par l’atelier Fauré, ces techniques vont se mettre au service des tendances artistiques contemporaines du début du XXe siècle. Car qui dit industriel ne veut pas dire de mauvaise qualité : grâce à la proximité de l’école d’Art décoratif de Limoges, Fauré et Marty emploient des apprentis formés à l’excellence et qui ont à cœur de produire des objets de qualités, fidèles à la tradition limousine. Les objets d’art sortant des ateliers C. Fauré sont alors surtout des pièces de décoration en technique d’émail flammé ou givré.
En 1924, souhaitant développer encore plus son atelier, Fauré décide de se séparer de son associé et de recruter cinq émailleurs de renom, dont Pierre Bardy et Lucie Dadat, qu’il finance entièrement en leur donnant pour seul ordre de créer en toute liberté. Entre 1925 et 1930, les émailleurs de Fauré, qui travaillent tous pour le même nom d’atelier, vont donc se lancer dans une production alliant art de l’émail et nouvelles recherches esthétiques. En ce sens, la production dirigée par Fauré et Marty est originale à plus d’un titre, dans la mesure où elle est un véritable croisement entre un savoir-faire ancien, une nouvelle vision du monde et des avancées artistiques contemporaines. Ce croisement donnera notamment des vases inspirés du cubisme, certains reprenant le vocabulaire géométrique des tableaux de Fernand Léger ou encore de Sonia Delaunay. Le pari de Fauré marche et alors que dans un premier temps la production des ateliers était surtout destinée à une bourgeoisie locale, le choix définitif de la création artistique lui permet désormais de toucher des acheteurs étrangers ou des acteurs de la vie artistique parisienne.