Ettore Sottsass naît en 1917 dans la ville autrichienne d’Innsbruck, d’une mère autrichienne et d’un père italien. Alors qu’il est encore enfant, sa famille s’installe en Italie, à Milan, où le jeune Ettore passe la majeure partie de son temps. Son père, architecte de formation, l’encourage à entamer des études d’architecture après le lycée. Et c’est ainsi qu’en 1939, Ettore Sottsass sort diplômé de l’école polytechnique de Turin. Déjà, le jeune créateur exprime son originalité en considérant le domaine de l’architecture comme une approche métaphysique de la réalité. L’artiste Luigi Spazzapan, son ami proche, lui sert de référence lorsqu’il s’agit d’étayer l’approche intellectuelle de sa formation technique et académique.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ettore Sottsass est fait prisonnier et est interné dans un camp de concentration en Yougoslavie. Après cette expérience traumatisante, il retourne vivre en Italie où il poursuit son activité d’architecte. Il participe au grand courant de reconstruction du pays et des alentours de Milan, notamment à travers la construction de nombreux logements sociaux. Mais heurté par la politique de son pays, qui privilégie l’efficacité à la qualité, il se retire de sa fonction pendant un temps. En 1947, Sottsass fonde sa propre agence de design à Milan, soucieux de proposer des créations nourries de sensibilité et de créativité. Mais son agence est bien plus que cela : infatigable travailleur, Ettore Sottsass développe une production tournée aussi bien vers le design que vers le graphisme, le mobilier, les céramiques ou la joaillerie, dans une perspective d’émulation créative entre les différents domaines. En 1956, il fait la rencontre d’Adriano Olivetti, avec qui il entame une collaboration qui lui permettra de produire du design industriel. Au sein de la société Olivetti, sa création est marquée par l’influence du fonctionnalisme dans la mesure où les objets qu’il conçoit sont avant tout destinés à faire partie de l’environnement des bureaux modernes. Ainsi, Ettore Sottsass participe-t-il à l’élaboration du tout premier ordinateur de fabrication italienne, Elea 9003 qu’il qualifie de « paysage électronique ». Cet objet lui vaut de recevoir le Compasso d’Oro en 1959. Avec son ordinateur Elea, mais aussi à travers d’autres objets tels que la machine à écrire portative Valentine, Ettore Sottsass cherche à dépasser la première fonction du produit de consommation pour en faire des objets évoquant jusque dans leurs lignes le monde contemporain postmoderne.
Tout en restant rattaché à la société Olivetti – il y passera 20 ans de sa vie, l’architecte et designer s’éloigne peu à peu du fonctionnalisme de ses premières créations pour réfléchir à des modèles d’objets plus ouverts aux notions sociales et historiques. Au début des années 1960, il collabore notamment avec l’éditeur de mobilier Poltronova. Mais l’expérience la plus fondatrice de la période pour Sottsass est celle du voyage : d’abord en Inde, puis, aux États-Unis, où il découvre de nouvelles conceptions du monde qui le mènent à interroger les rouages de la société de consommation. Par l’intermédiaire de sa femme, traductrice de nombreux ouvrages de littérature issue de la contre-culture américaine, Sottsass fait également la rencontre des poètes de la beat generation, et est rapidement séduit par leur recherche d’une nouvelle manière de vivre. Il fait le choix, avec sa femme, de s’installer en Californie.