A Paris, où il s’installe après-guerre, François-Xavier intègre l’Académie Julian tandis que Claude étudie aux Arts Décoratifs puis aux Beaux-Arts de Paris. François-Xavier et Claude Lalanne exposent pour la première fois ensemble en 1964, dévoilant des créations hybrides mêlant une approche classique de la sculpture et des objets du quotidien. Deux ans plus tard, ils ne se présentent plus que sous le nom « Les Lalanne ». Même si chacun ont créé des œuvres de leur côté tout au long de leur vite, leur univers inspiré du monde animal et végétal a toujours été exposé ensemble. Proche des artistes du mouvement des Nouveaux Réalistes (Yves Klein, Arman, Raymond Hains, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, César, Mimmo Rotella, Niki de Saint Phalle…), François-Xavier et Claude Lalanne se démarquent très tôt par leur attirance pour les univers oniriques et merveilleux. Les Lalanne s’attellent à leur œuvre à quatre mains, travaillant sans relâche et avec discrétion faisant, comme ils le disaient eux-mêmes : « chambre commune et atelier à part ».

Le bestiaire de François-Xavier Lalanne, riche et spectaculaire, réunit singes, rhinocéros, ânes, chameaux, crapauds, hippopotames, chats, agneaux… Mais c’est le mouton qui reste sans nul doute son animal préféré. Le souhait qu’il partage avec Claude est de faire descendre la sculpture de son piédestal pour l’intégrer à l’univers familier du quotidien. C’est ainsi qu’un bouc peut faire office de siège, un rhinocéros de bar à alcool ou un petit singe de lampe de chevet, le sculpteur précisant non sans malice que « quand on peut s’asseoir sur une œuvre d’art, elle devient plus familière (…). L’art c’est comme la vie : ça ne devrait pas être aussi sérieux ! ». Pour des commandes publiques, François-Xavier Lalanne sculpte également des Pigeons (Grigny), des Lapins polymorphes (Tourcoing) ou des Pleureuses (Hakone, Japon). Le succès est alors immédiat et ses œuvres acquises par les personnalités les plus en vues de la seconde moitié du XXe siècle. François-Xavier Lalanne décède dans leur maison d’Ury, en banlieue parisienne, en 2008.

Dans son travail, Claude Lalanne s’intéresse quant à elle aux techniques d’impression et de moulage qui lui permettent d’emprunter plus aisément ses thématiques au monde végétal. Meubles, sculptures, bijoux… : Claude Lalanne explore toutes les disciplines, souvent à travers une vision humoristique, baroque et surréaliste, comme avec ses choux sur pattes qu’elle appelle des Choupattes. Dans les années 1960, les œuvres qu’elle produit en dehors du duo qu’elle forme avec son mari séduisent de plus en plus de collectionneurs : le couturier Yves Saint Laurent et son compagnon Pierre Bergé, les décorateurs Peter Marino et Jacques Grange, mais également de riches familles comme les Noailles ou les Rothschild. En 1976, Serge Gainsbourg achète l’inoubliable Homme à tête de chou de Claude Lalanne chez le marchand grec Alexandre Iolas, dans sa galerie de Saint-Germain-des-Prés. Hommage ultime de la culture populaire, le chanteur reprendra le titre de cette sculpture pour son album éponyme et sa chanson de 1976 ! Claude Lalanne décède à Fontainebleau en 2019 à l’âge de 93 ans. Yves Saint Laurent disait d’elle : « Ce qui me touche en elle, c’est d’avoir su réunir dans la même exigence l’artisanat et la poésie. Ses belles mains de sculpteur semblent écarter les brumes du mystère pour atteindre les rivages de l’art ».

En 2010, le Musée des Arts Décoratifs à Paris a organisé la dernière rétrospective organisée du vivant de Claude Lalanne.