La carrière de Gustave est définitivement lancée. En 1851, il expose pour la première fois au Salon – à 19 ans seulement – avec un tableau titré Pins Sauvages. Ayant renoncé à passer son baccalauréat, Doré se consacre pleinement à son activité de dessinateur et publie un deuxième album : Trois artistes incompris et mécontents, bientôt suivi d’autres ouvrages de lithographies comiques. Installé depuis peu à Paris, il collabore avec des périodiques et des hebdomadaires comme le célèbre journal L’Illustration, et publie en 1852 un premier ouvrage illustré. A Paris, il fréquente notamment Gustave Courbet, avec qui il partage ce même attrait pour une représentation réaliste, au grand désarroi de son protecteur et mentor le poète romantique Théophile Gautier. Dans les années 1850, son activité prend de l’ampleur grâce à son tempérament entreprenant. Gustave Doré commence à illustrer de grands classiques de la littérature française comme François Rabelais. Son style est alors clairement inspiré par le grotesque et le comique de l’auteur de Gargantua, avec des figures tout aussi exubérantes.
L’artiste entretient un lien fort avec le milieu littéraire français. Après le suicide du poète Gérard de Nerval, il imagine un lithographie au style sombre et fantasmagorique dans laquelle s’esquisse la silhouette du pendu dans une ruelle sombre hantée par le squelette de la mort. Il illustrera de la même manière La Divine Comédie, la Bible et aura pour projet – malheureusement inachevé – d’illustrer en mille planches l’œuvre de William Shakespeare. Ayant redécouvert la technique de la gravure sur bois à l’âge de 20 ans, Doré continue à travailler la gravure tout au long de sa carrière, fort inspiré par ses voyages en Suisse, dans les Alpes, dans le sud de la France mais aussi en Espagne. Sa production devient si prolifique qu’il se trouve rapidement à la tête d’un atelier de plus de quarante graveurs ! Cette entreprise lui permet de satisfaire le nombre importante de demandes qu’il reçoit de la part de journaux et d’éditeurs tout en continuant à s’épanouir dans son travail personnel.