Sculpteur d’origine polonaise, Igor Mitoraj est connu pour ses œuvres inspirées de l’Antiquité, qu’il est possible de voir aujourd’hui dans de nombreuses villes telles que Paris, Rome, Cracovie ou Londres
L’artiste a développé dans sa création une approche sensible de la beauté et de la vulnérabilité de l’homme.
Igor Mitoraj naît en mars 1944 en Allemagne, d’une mère polonaise et d’un père français. A la fin de la guerre, il retourne en Pologne aux côtés de sa mère pour vivre chez ses grands-parents, à Grojec, où il passe la majeure partie de son enfance et de son adolescence. Après le lycée, Igor s’inscrit à l’école d’art de la ville de Bielsko-Biala, avant d’intégrer en 1963 les Beaux-Arts de Cracovie, où il est notamment l’élève du dramaturge polonais Tadeusz Kantor. Après avoir obtenu un diplôme en peinture, Mitoraj décide de partir pour la France et s’installe à Paris où il fréquente les cours des Beaux-Arts.
Ses premières expositions sont organisées de manière assez tardive et ce n’est qu’en 1976 que l’artiste révèle ses œuvres à l’occasion d’un événement à la galerie parisienne la Hune. De la même manière, ce n’est que plus tardivement que Igor Mitoraj se tourne vers la sculpture. Peintre de formation, c’est pourtant naturellement que la technique sculptée devient le centre de sa création. A la même période, le neveu du président François Mitterrand lui propose de préparer une exposition à la galerie Artcurial. Pour ce faire, Igor Mitoraj passe une durée d’un an à Pietrasanta, en Italie, à étudier dans un centre de production de bronze et de marbre. C’est là qu’il crée ses premières œuvres en bronze, monumentales, par lesquelles il se fera connaître par la suite.
Pressé par le sculpteur colombien Fernando Pole Bolero de s’installer à Pietrasanta, Igor Mitoraj y achète une maison dans laquelle il passe l’essentiel de son temps, vivant désormais entre la France et l’Italie. Pietrasanta est considérée, encore aujourd’hui, comme la capitale du marbre. Des artistes célèbres, à l’instar de Michel-Ange, y avaient déjà travaillé avant Mitoraj, qui s’inspire de cette tradition pluriséculaire pour donner vie à une œuvre marquée par les formes de l’Antiquité.
Tout en continuant à voyager pour découvrir de nouvelles formes, comme celles de la culture aztèque qu’il découvre lors d’un voyage au Mexique, Mitoraj considérera jusqu’à la fin de sa vie son atelier italien comme lieu de création intime. Sa première statue monumentale, Grand Toscano, réalisée en 1981, se trouve aujourd’hui à la Défense. D’autres de ses sculptures ornent le paysage urbain des plus grandes villes d’Europe, comme Tsuki-No-Hikari, installée sur le parvis du British Museum à Londres. L’Antiquité reste tout au long de sa carrière sa principale source d’inspiration, et Mitoraj n’hésite pas à se rendre en Grèce pour étudier de plus près les formes des statues classiques. Les titres de ses sculptures font par ailleurs souvent référence à l’histoire antique, en témoignent ses statues Mars, Centauro ou encore Icarus. Mais s’il s’inspire de très près des formes antiques, Mitoraj leur impose ses propres variations, en intégrant à la perfection des proportions des détails réalistes ainsi que des effets de fragmentation évoquant le caractère inachevé, défectueux de la nature humaine. Beaucoup de ses sculptures présentent des effets d’usure recherchés, ou des parties manquantes, lesquelles miment à la fois cette idée d’inachèvement et le passage du temps sur les sculptures antiques que nous connaissons.
Parmi les principales caractéristiques de son œuvre qui permettent au spectateur de reconnaître une pièce faite de la main de Mitoraj, se trouve la forme des lèvres des visages sculptées, qu’on dit ressembler à celle de l’artiste lui-même. En 1997, sa sculpture représentant une tête monumentale de Tindaro est disposée devant la tour KPMG, à la Défense. De même, la ville d’Angers a fait l’acquisition, en 2004, de la sculpture Per Adriano pour orner l’entrée de son nouveau musée des Beaux-Arts.
Mort en 2014, Igor Mitoraj a marqué l’art contemporain grâce à une création réactivant les formes traditionnelles de l’Antiquité pour les adapter aux paysages du monde moderne.