Connu pour avoir, au XXe siècle, développé un travail autour du mobilier, de l’espace, de l’éclairage et des décors, notamment de la céramique
Entre techniques traditionnelles et formes modernes, son œuvre est aujourd’hui encore une vive expression de l’art contemporain et de tous les domaines qu’il embrasse
Isamu Noguchi naît en 1904 à Los Angeles, d’une mère américaine, écrivaine et éditrice, et d’un père japonais, le poète Yonejiro Noguchi. A deux ans, il déménage au Japon avec sa mère, où il grandit jusqu’à ses treize ans. Déjà, le petit Isamu est marqué du sceau d’une double identité qui lui servira plus tard de matière pour son œuvre.
En 1918, Isamu Noguchi retourne aux Etats-Unis, seul cette fois-ci, pour étudier au lycée de la Rolling Prairie, puis à La Porte, dans l’Indiana. A la fin de son lycée, il s’installe pour un court séjour dans l’Etat du Connecticut et travaille pour le sculpteur Gutzon Borglum, avant de rejoindre New York pour étudier à l’université de Columbia. Mais alors qu’il débute des études de médecine, le jeune Isamu Noguchi fréquente de façon assidument les cours du soir de sculpture de la Leonardo da Vinci School of Art, dirigée par le sculpteur Onorio Ruotolo.
Rapidement, Isamu quitte la faculté de médecine pour devenir artiste et subvient à ses besoins en vendant ses premiers bustes. En 1926, Isamu Noguchi a un choc esthétique lorsqu’il visite une exposition présentant des œuvres de l’artiste Constantin Brancusi. Grâce à une bourse d’étude, il se rend l’année suivante à Paris, et travaille dans l’atelier du sculpteur. En profond admirateur de la philosophie du maître et des formes qu’il déploie, Isamu Noguchi oriente son œuvre vers l’abstraction et le modernisme, intégrant dans ses compositions une plus grande expressivité, parfois lyrique, toujours abstraite.
Après Paris, le jeune sculpteur part de nouveau en voyage et se rend en Asie, au Mexique et dans le reste de l’Europe, et finit par retourner à New York. Les années 1930 sont assez difficiles : tout en rencontrant de fortes personnalités artistiques de son temps et en développant son activité de sculpteur, Isamu Noguchi peine à acquérir une reconnaissance. Ce n’est que dans les années 1940 qu’il commence à se faire remarquer aux Etats-Unis, alors qu’il élabore une sculpture de grand format représentant de façon symbolique la liberté de la presse, pour le Rockefeller Center de New York. Cette sculpture inaugure une longue série de commandes publiques, à l’échelle nationale autant qu’internationale, qui feront connaître le créateur à travers le monde.
Installées dans les jardins publics, les terrains de jeux pour enfants, sur des fontaines, les sculptures épurées de Noguchi, alliant un large panel de matériaux – bronze, granit, aluminium, acier ou encore marbre – se diffusent dans les décors urbains des grandes villes mondiales à partir des années 1950. En 1941, l’attaque japonais sur la base américaine de Pearl Harbor bouleverse l’artiste, et Isamu Noguchi fait ses débuts dans l’activisme politique en 1942. Son engagement prend son expression avec le Nisei Writers and Artists Mobilization for Democracy, une organisation destinée à sensibiliser les citoyens américains au patriotisme de leurs congénères d’origine japonaise. Allant jusqu’au bout de sa démarche, Isamu Noguchi se fait incarcérer volontairement au Colorado River Relocation Center pendant six mois ! Après cet épisode, il retourne vivre à New York et se consacre de nouveau à sa sculpture.
En 1947, il collabore notamment avec l’éditeur de meuble Herman Miller et dévoile sa célèbre table basse à plateau de verre et piétement en bois, produite en série. Une importante rétrospective de son œuvre se tient en 1968 au Whitney Museum. En 1985, Isamu Noguchi ouvre son propre musée et décède à New York trois ans plus tard.