Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, est un architecte important du mouvement moderne au XXe siècle. Artiste pluridisciplinaire, il exerce aussi au cours de sa vie les professions d’urbaniste, de décorateur, dessinateur, et d’homme de lettres !
Fils d’un graveur et émailleur de montres et d’une musicienne, Charles-Édouard Jeanneret évolue dès son enfance dans un milieu ouvert à de multiples champs de création. Il étudie à l’école d’art décoratif de sa municipalité, et c’est son maître, le peintre Charles l’Eplattenier, qui l’oriente vers l’architecture. Entre 1908 et 1909, il effectue un stage auprès des Frères Perret et apprend notamment la technique moderne du béton armé, élément important de sa production future. Un autre stage, chez l’architecte allemand Peter Behrens à Berlin en 1911, lui permet de consolider ses connaissances des techniques et des matériaux modernes. Dès 1905, il commence ses premières créations architecturales (à seulement 18 ans !) et des villas-chalets voient le jour d’après ses plans. Sa vie est jalonnée par des voyages ! Il parcourt l’Italie, l’Allemagne, effectue le fameux voyage en Orient autour de la Méditerranée. Grâce à cette formation sur le terrain et par le voyage, il se proclame par la suite autodidacte de l’architecture… En réalité, son parcours n’est certes pas académique mais fait place à quelques figures importantes de l’architecture telle que celle de Behrens.
En 1914, quand éclate la Première Guerre mondiale, il conçoit un projet révolutionnaire en prévision de la période de reconstruction qui suivra le conflit. Ce projet est en fait une construction, nommée DomIno, composée d’une ossature en béton, et seulement supportée par des poteaux de forme carrée, porteurs des dalles de béton, sans aucune retombée de poutres. C’est un principe qu’on retrouve beaucoup tout au long du XXe siècle, et encore aujourd’hui, dont Le Corbusier pressent le potentiel au début du siècle dernier !
Guidé par le désir ambitieux de réinventer l’espace architectural pour l’adapter à l’ère de la machine, il s’installe à Paris après la guerre. Les débuts sont difficiles, mais une rencontre, celle du peintre Amédée Ozenfant, lui permet d’intégrer les milieux artistiques français. C’est lui qui lui fait reprendre la peinture, et c’est encore avec lui qu’il fonde la revue avant-gardiste l’Esprit Nouveau – selon l’expression d’Apollinaire. Il réalise pour lui une maison atelier parisienne en 1924. Déjà, les principaux traits de sa création émergent, notamment des murs tout enduits de blancs, de grandes surfaces vitrées, des fenêtres toutes en longueur, et des espaces à hauteur double. En 1923, il avait publié son ouvrage Vers une architecture, aujourd’hui considéré comme fondement théorique de l’architecture moderne et dans lequel il expose ses principes qui seront plus tard qualifiés de “nudisme”. Avec Ozenfant, il fonde le mouvement artistique du purisme, lequel vise un retour à l’ordre de l’art classique, et notamment, en architecture, à des constructions où prône la dimension de frontalité.
Le Corbusier atteint la consécration artistique en 1925 lorsqu’il réalise pour l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels le pavillon de l’Esprit nouveau, véritable manifeste du modernisme en architecture. Ce pavillon est en fait un édifice destiné à devenir un logement collectif, et le pavillon présente une cellule d’habitat de ce qui doit être un immeuble-villas.
Dans les années 1920, à la tête d’une agence, Le Corbusier produit énormément, et collabore notamment avec Pierre Jeanneret, son cousin, et la designer Charlotte Perriand. Il construit notamment la villa « puriste » Stein-de Monzie à Garches, récemment remise en vente ! En parallèle, il continue son activité de peintre et d’écriture. C’est dans ces années qu’il établit les « cinq points d’une architecture nouvelle » : pilotis, toiture-terrasse, fenêtre en longueur, façade libre et usage du béton armé représentent la recette de l’architecture moderne selon Le Corbusier. La place de la marche dans l’espace architectural est également importante.
Pendant le reste de sa carrière, Le Corbusier construit les plans d’édifices encore célèbres aujourd’hui, comme l’Unité d’Habitation à Marseille, la chapelle Notre-Dame du Haut à Ronchamp ou encore la Maison de la Culture de Firminy. Il meurt lors d’une baignade en août 1965 dans les Alpes-Maritimes, à Roquebrune-Cap-Martin.
Lucie Rollin