Philobitude
Sarah Moon - de son vrai nom Marielle Sarah Warin - est une photographe française spécialisée dans la publicité et la mode
Elle a développé en parallèle une œuvre intime et forte
Née en 1941 dans une famille juive contrainte de fuir l’Occupation, les parents de Sarah Moon s’installent en Angleterre pendant toute la guerre. De 1960 à 1966, elle entre dans la vie artistique en entamant une carrière de mannequin qui lui permet de découvrir le monde de la publicité et celui des photographes. Fortement influencée par Guy Bourdin, Sarah Moon s’initie à la photographie en autodidacte. A ses débuts, son œuvre se teinte déjà d’un esprit surréalisme, marqué par un détachement de la réalité et une attention particulière portée à la fiction.
Après avoir publié ses premières photographies dans L’Express, Sarah Moon se tourne vers la photographie de mode à la fin des années 1970 et décide d’en faire son métier. Cette décision est très vite justifiée par le succès de l’une de ses premières campagnes pour Cacharel qui rencontre un écho international ! Ses images mêlant références cinématographiques, artistiques et littéraires séduisent rapidement le public. Ainsi, pendant près de 15 ans, la photographe collabore-t-elle avec les plus grandes marques françaises, de Dior à Chanel en passant par le magazine Vogue.
Les choix qu’elle opère dans les impressions de ses photographies permettent au monde fictionnel qu’elle crée de se placer dans une dynamique intemporelle comme coupée de toute réalité contemporaine. Ses personnages évoluent dans des décors sombres et dans des atmosphères brumeuses et floues. En tant que femme, et ancienne mannequin de sucroît, Sarah Moon donne à ses photographies une teinte toute particulière, dans laquelle se lit une grande compréhension de ses modèles, pour ne pas dire une forme de complicité.
Pourtant, après plusieurs années à travailler pour ce monde qu’elle affectionne tant, Sarah Moon prend un virage bien plus personnel. Paris occupe la plupart de ses épreuves, témoignant de l’amour qu’elle porte à sa ville natale. Ce tournant marque également un changement de son approche technique de la photographie puisqu’elle utilise désormais le polaraoïd noir et blanc. Son oeuvre artistique, loin d’être une rupture vis-à-vis de ses photographies professionnelles, semble être le prolongement de ses réflexions. On y retrouve en effet les interrogations et les illusions avec lesquelles elle sait jouer, faisant de nombreux clins aux arts narratifs.
Par ailleurs, très influencée par le cinéma des années 1930, et notamment par l’expressionnisme allemand, Sarah Moon développe en parallèle une œuvre cinématographique, comme avec le Fil Rouge (2005), un court-métrage adapté des contes de Charles Perrault. Exposée aux rencontres d’Arles plusieurs années de suite, Sarah Moon reçoit le prix national de la Photographie en 1995. En 2013, elle expose son travail sur les végétaux au muséum d’Histoire naturelle de Paris. En 2020, le musée d’art moderne de Paris propose un événement rétrospectif de son œuvre dans l’exposition passéprésent qui illustre l’ampleur de son travail réalisé depuis les années 1970.