Philobitude
Né à Athènes en 1935, Alecos Fassianos est aujourd’hui le peintre grec contemporain le plus connu au monde
Sa touche joyeuse et colorée, reconnaissable entre mille, fait le lien entre les icônes de la mythologie grecque et la peinture figurative de la seconde moitié du XXe siècle.
Diplômé de l’École des Beaux-Arts d’Athènes en 1960, où il a Yannis Moralis pour professeur, Fassianos s’installe à Paris en 1966. Ayant obtenu une bourse du gouvernement français, le jeune grec intègre l’atelier de lithographie de l’École des Beaux-Arts de Paris. Peintre onirique, Fassianos est un artiste complet, tour-à-tour peintre, lithographe, illustrateur, décorateur de théâtre, poète, essayiste ou encore musicien. D’éminents critiques et écrivains se sont très tôt intéressés à son travail, parmi lesquels Louis Aragon qui écrivait à son propos qu’il y aurait « une peinture avant Fassianos et une peinture après Fassianos ». Alors que le jeune peintre grec rencontre le célèbre poète par hasard dans une galerie, l l’écrivain lui lance « c’est vous Fassianos ? Je vous poursuis partout ! Vous êtes le dernier peintre de la Méditerranée ! ».
A ses débuts dans la capitale française, Fassianos cherche encore sa voie et ses préoccupations plastiques sont alors celles d’un jeune amateur éclairé en matière d’art brut. Admiratif du travail de Maryan et Fautrier, Fassianos étudie de près les expérimentions de Jean Dubuffet qui, à partir de 1960, entame des collaborations avec Jorn et le mouvement Cobra. L’artiste hellène explore alors un univers fruit d’un subtil mélange entre classicisme et modernité. C’est vers 1963 que le style de Fassianos prend véritablement forme. Le peintre opte en effet de façon durable pour ce trait stylisé si singulier et ces couleurs vives durant ses années d’exil parisien, à l’époque où la junte des Colonels dirige la Grèce et pourchasse les artistes et intellectuels. Ses personnages au profil hiératique, cravatés et portant des écharpes à la main, sont saisis dans la douceur de soleils couchants, parfois montagneux, rocailleux et enrichis de cyprès.
Dans ses toiles et dessins, Fassianos utilise les mythes – grecs ou byzantins – de façon non conventionnelle. Pour lui, croiser un homme à vélo l’été, les cheveux et la cravate au vent, c’est découvrir un Pégase des temps modernes, à la fois surréaliste, ludique et insolite. Alecos Fassianos a toujours travaillé à contre-courant, loin des tendances, alors même qu’à son arrivée à Paris, l’écrasante majorité de ses confrères exposant en galerie exploraient l’abstraction. Pourtant, bien que connu pour ses portraits et scènes oniriques mettant en scène animaux et personnages, Fassianos n’a jamais renoncé à se confronter aux autres grandes thématiques traditionnelles de la peinture, à commencer par celle de la nature morte et de la peinture de fleurs. Ce thème n’est pas nouveau pour l’artiste, qui s’y essaie dès la fin des années 1960. Avec les années, son style évolue et les couleurs de sa palette gagnent de plus en plus en intensité.
Alecos Fassianos, le plus Parisien des Grecs et le plus Grec des Parisiens, vit aujourd’hui essentiellement en Grèce mais conserve de nombreuses attaches avec la France.