Benjamin Vautier témoigne d’une sensibilité aux objets et à l’esthétique : dans sa vitrine, il accumule de nombreux bibelots qu’il agence afin de créer un ensemble harmonieux. Ouvert aux disciplines artistiques, le commerçant transforme peu à peu son échoppe en véritable lieu de rencontre entre créateurs. En outre, c’est dans ce lieu que se croisent les principaux protagonistes de la future école de Nice, au premier rang desquels le sculpteur César, mais également Arman et Martial Raysse.
Ben est alors proche d’Yves Klein et trouve une forme d’épanouissement dans les préceptes du Nouveau Réalisme, persuadé que l’art est fait pour scandaliser, pour transgresser et toucher le public. Développant un style très personnel, Benjamin Vautier, avant de connaître le succès, s’inspire donc du Nouveau Réalisme, de Klein mais aussi de Marcel Duchamp et du caractère transgressif du mouvement Dada.
Bien avant Andy Warhol, Ben déploie dans une même œuvre une série de variations d’un même motif de bananes ! En précurseur, Benjamin Vautier crée des œuvres qui s’insèrent dans ce qu’il est possible d’appeler le mail art, c’est-à-dire des peintures composées majoritairement de textes en écriture cursive. Dans les années 1950, porté par son admiration pour Duchamp et son amour de la musique de John Cage, Ben rejoint le mouvement artistique Fluxus, avec lequel il réalise plusieurs performances publiques.
En 1959, il crée la revue Ben Dieu. En 1960, il réalise sa première performance personnelle avec Rien et tout, au premier étage de sa boutique de disques. Tout au long des années 1960, Ben approfondit sa démarche artistique et commence à signer de multiples objets de la vie quotidienne dans la perspective de rapprocher l’art de l’environnement direct de l’individu. Pour lui, tout est art, et dans l’art, tout est possible ! C’est à cette époque qu’il se fait le porte-drapeau de l’art attitude, et en 1965, qu’il installe une galerie d’art dans son magasin… racheté dix ans plus tard par le centre Pompidou !