Cette installation en Occident marque un tournant décisif dans son travail. Chu Teh-Chun se tourne alors définitivement vers l’abstraction, inspiré en grande partie par la peinture du franco-russe Nicolas De Staël qu’il découvre au musée d’Art moderne de Paris. Déjà couronné de succès à Taiwan, Chu s’attire les éloges de ses contemporains. Ainsi, en 1956, le peintre figure-t-il aux côtés de Picasso à l’exposition Peintres d’aujourd’hui dans les Jardins du Palais-Royal. En 1958, un contrat avec la galerie Legendre lui permet de vivre décemment tout en se consacrant entièrement à son travail et à la recherche de sa propre expression artistique. Les années 1960 sont en ce sens marquées par de nombreuses expositions, et pas uniquement en France ! L’Allemagne, l’Italie, la Suisse mais également le Brésil lui consacrent des expositions. A Amsterdam, Chu Teh-Chun découvre Rembrandt, dont la touche le marque en profondeur.
Au début des années 1970, avec Ching-Chao, qu’il épouse en seconde noce, et leur deux fils, le peintre s’installe à Bagnolet. Il y retrouve le goût de la calligraphie, en écho à la culture de ses origines. Dans les décennies qui suivent, Chu Teh-Chun revient petit à petit vers la Chine et, en 1994, y retourne de façon bien plus régulière, auréolé d’une reconnaissance mondiale. En 2002 et 2003, il réalise une toile monumentale pour l’Opéra de Shanghai. En 2006, il expose aux Etats-Unis, ce qui consacre sa longue ascension vers la reconnaissance internationale. Après un dernier projet de céramique en collaboration avec la manufacture de Sèvres entre 2007 et 2009, Chu Teh-Chun disparaît en 2014 à l’âge de 93 ans.