Ses toiles sont reconnaissables par leur grand format ainsi que par la profusion des figures représentées, issues d’un imaginaire nourri par les comics occidentaux.
Erro naît et grandit dans le nord-ouest de l’Islande, dans le village de Ólafsvík. Il effectue ses études secondaires à Reykjavik au sein de l’Académie de peinture de la capitale islandaise. En parallèle, il s’engage au sein d’une équipe de secouristes afin d’aider les passagers victimes des accidents d’avions, phénomènes courants dans les reliefs islandais, ainsi que pour récupérer les équipements de bateaux échoués sur les côtes.
En 1951, il obtient le certificat de professeur d’art décerné par l’Académie de Reykjavik, lui permettant de vivre de sa passion. Mais le jeune diplômé ne souhaite pas s’installer pour autant… Pour compléter sa formation artistique, Guðmundur Guðmundsson, qui se fait très tôt appelé Erro, se rend à Oslo, en Norvège, pour y étudier la gravure et l’art de la fresque, puis à Florence en Italie. C’est à Oslo qu’il commence à peindre ses premières fresques connues, mais c’est à Florence que se tient sa première exposition personnelle en 1955.
Avant de montrer ses œuvres pour la première fois en public, Erro a voyagé à travers l’Europe : de l’Allemagne jusqu’en Espagne, l’artiste fait notamment étape à Ravenne, en Italie, où il étudie la technicité des mosaïques byzantines. Par ailleurs, c’est à l’Académie d’art de Ravenne qu’il fait une rencontre déterminante, celle de l’artiste plasticien Jean-Jacques Lebel, lequel commence à l’intégrer aux cercles artistiques et intellectuels parisiens. Quelque temps après, séduit par la vie culturelle de la capitale française, et certain qu’il trouvera de quoi satisfaire son désir d’épanouissement artistique, Erro s’installe définitivement à Paris.
De ses voyages, Erro rapporte une multitude d’images, sous différents formats : photographies, cartes postales, affiches publicitaires, articles de journaux … Ces images, il s’en inspire de très près pour intégrer à ses compositions de nombreuses références à la culture contemporaine et à la pop. Les tableaux d’Erro fourmillent de références aux images du monde moderne, imposant avec force – voire violence – au spectateur l’abondance des icônes pop. Sa première série de tableaux connue, les Carcasses (1955-1957), témoigne bien du style de l’artiste, en s’inspirant à la fois de la science par la représentation agrandie d’atomes ainsi que de la mémoire du Moyen-âge occidental avec des dessins d’armures.
Il est révélé au public français par la Figuration Narrative, qu’il cofonde en 1958. Ce mouvement, théorisé par le critique d’art Gassiot-Talabot en 1965, se définit d’abord par une représentation figurée et étalée dans le temps, avec pour principal but de transmettre un message politique ou de critiquer la société de consommation contemporaine. Toutefois, Erro survole les mouvements artistiques : tout en s’inspirant des collages dadaïstes, le peintre prend du recul en reproduisant ironiquement la manière mécanique des dadas et des surréalistes de juxtaposer les images. La modernité de ses compositions surprend, surtout lorsque l’on sait que le Pop art n’émerge aux États-Unis que quelques années plus tard ! L
’artiste n’hésite pas non plus à faire des clins d’œil à l’histoire de l’art, en faisant référence aux maîtres européens tels que Delacroix ou Ingres, les plaçant aux côtés de signes publicitaires ou de héros de bandes dessinées. Également auteur de nombreux décors de cinéma, Erro jalonne son œuvre de toiles aux formats gigantesques, où fourmillent les figures, comme l’illustre bien sa série des Scapes qu’il débute en 1959 avec les Galapagos.
Exposé au centre Georges Pompidou dès 1977, Erro fait l’objet de plusieurs expositions élogieuses et de nombreuses rétrospectives depuis les années 1980, en France comme à l’international. En 2001, le musée d’art de Reykjavik révèle au public sa nouvelle collection Erro.