En 1854, Chaigneau rafle la troisième place du prix du paysage historique des Beaux-Arts de Paris, avec sa toile Lysidas et Moeris, représentant deux personnages issus du texte des Bucoliques du poète latin Virgile. Le thème littéraire de la pastorale est alors l’un des thèmes privilégiés de Chaigneau, qui multiplie les représentations de bergers dans des paysages pittoresques entourés de leur troupeau ou devisant sur l’amour. Grâce au Prix du paysage historique, il devient pensionnaire de la ville de Paris et peut donc se livrer à l’exercice de son métier sans se soucier de son logement et de sa nourriture.
Cette liberté lui permet en outre d’évoluer dans son style. D’abord adepte de la peinture d’histoire, il se tourne progressivement vers des sujets animaliers ou paysagistes, avec un goût certain pour les campagnes françaises. Son tableau Un marais dans les Landes, exposé pendant l’Exposition universelle de 1855, témoigne de sa touche naturaliste, soucieuse de rendre les détails des matières et des couleurs des scènes de campagne qu’il peint, et mêle peinture animalière et paysagiste avec l’insertion de bovins dans un paysage à l’horizon ouvert sur des montagnes. Tout en continuant à exposer régulièrement ses œuvres au Salon, Ferdinand Chaigneau rejoint la colonie d’artistes de Barbizon à partir de 1855.
Village situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau, Barbizon accueille à partir de 1825 une colonie de peintres paysagistes jusqu’aux années 1870. Au début du XIXe siècle, la peinture de paysages d’histoire, représentées par des peintres comme Henri de Valenciennes ou Achille-Etna Michallon, s’émancipe peu à peu des conventions officielles pour ne représenter plus que le décor paysager, sans nécessairement s’insérer dans un contexte historique. Qu’ils cherchent à représenter avec réalisme et précision topographique des paysages ou, au contraire, à travailler sur la sensibilité de la perception en ajoutant d’innombrables nuances de lumière aux lieux, des artistes se rassemblent dès les années 1820 autour du centre de Barbizon. Parmi eux figurent de futurs grands noms comme Camille Corot, Théodore Rousseau, Charles Daubigny, Jean-François Millet…