Courbet est en effet contraint de quitter assez vite l’école en raison de complications liées à son état physique. En 1840, il perd sa sœur Camille, d’un an sa cadette, ses parents resserrant leur intérêt sur leur seul enfant. Dès l’âge de 8 ans, il se prédestine à l’art et commence à passer le temps en réalisant des dessins qui deviendront sa grande passion.
En 1844, il rejoint les bancs de l’atelier du peintre néoclassique Picot pour préparer son entrée à l’école des Beaux-Arts. Après deux années de formation, il intègre la prestigieuse institution, mais la quitte avec beaucoup de déception, ayant échoué à deux reprises au Prix de Rome ! Sa formation est donc académique, mais le jeune Gustave Moreau est attiré par ce qu’il ne connaît pas… Il entre en contact avec Eugène Delacroix, qui ne pourra pas le prendre dans son atelier, malgré toute sa bienveillance. Gustave Moreau fait de Delacroix son modèle, et retient de ce maître un goût pour les sujets orientalisants. Surtout, il rencontre le peintre romantique Théodore Chassériau, ancien élève d’Ingres, dont le style influence fortement ses premières productions. La première œuvre qu’il expose au Salon en 1852, une Pietà, ne laisse aucun doute quant à l’influence de Chassériau sur son élève et témoigne d’un lien certain entre les deux peintres.
C’est aussi pour Moreau l’époque de l’installation dans sa maison du 14 rue de la Rochefoucauld, où il fait aménager son atelier au troisième étage. En 1856, son ami Théodore Chassériau meurt à l’âge de 37 ans, plongeant le jeune peintre dans un état de deuil dont il tirera une toile, Le Jeune Homme et la Mort, en hommage à son maître.
Un voyage en Italie l’année suivante le sortira de sa torpeur : c’est l’occasion pour lui de découvrir les grands maîtres de la Renaissance, comme Michel-Ange, dont il copie les fresques de la Chapelle Sixtine, ou les coloristes vénitiens. Il se lie d’amitié avec Edgar Degas et parcourt toutes les grandes villes de la péninsule pendant près de deux ans. C’est sans doute à son retour qu’il fait la rencontre d’Alexandrine Dureux, sa « meilleure et unique amie », avec qui il restera intime jusqu’à sa mort, sans pour autant se marier, considérant que ce serait un enfermement pour sa création artistique.
Alors que son départ des Beaux-Arts lui avait fait renoncer pour un temps à une carrière académique, son travail commence à être reconnu à partir de 1864, lorsque sa toile Œdipe et le Sphinx est achetée par l’Empereur Napoléon III, qui lui exprime toute sa considération en le décorant de la Légion d’Honneur en 1875 ! En 1878, sa renommée est décuplée grâce à la présentation de son Saint Sébastien lors de l’exposition universelle de Paris. Son œuvre puise aussi bien dans l’histoire que dans le sentiment d’étrangeté, lui attirant critiques ou louanges, mais lui valant surtout d’être considéré comme le père du symbolisme. Par la suite, Gustave Moreau sera élu à l’Académie des Beaux–Arts et y deviendra professeur, lui permettant de transmettre ses pratiques artistiques à ses élèves, parmi lesquels Henri Matisse.