« Je ne me laisse pas trop à raisonner, je crois au contraire que c’est ce qui me manque le plus. Mes sensations, par suite de la qualité de mon tempérament demandent la grammaire, la rhétorique et la logique ».
En 1891, du fait d’une santé délicate, Cross quitte Paris pour s’installer dans le Sud de la France, au Lavandou. Les paysages de la côte méditerranéenne et de la Provence lui offrent des moments propices à la représentation sensible et raisonnée de la lumière. Ces années sont celles d’un travail approfondi de la couleur, dans le sillage des recherches néo-impressionnistes qu’il avait déjà engagées. Cross développe à cette période une production relativement importante d’œuvres à fonction décoratives, dans lesquelles s’étalent des atmosphère idylliques, avec des scènes souvent utopiques en lien avec ses idéaux anarchistes. Avec sa toile l’Air du Soir, conservée au musée d’Orsay, il dépeint des figures féminines idéales, évoluant dans un paysage harmonieux, près de la mer, dans des touches pointillistes. C’est notamment ses toiles qui inspirent le jeune Henri Matisse à la recherche de nouveaux moyens d’expressions esthétiques plus sensibles à la couleur et aux figures harmonieuses, fer de lance du fauvisme quelques années plus tard.
Henri-Edmond Cross meurt dans le Lavandou en 1906.
Lucie Rollin