Né à Grenoble en 1836, Fantin-Latour reçoit ses premières leçons de peinture aux côtés de son père, lui-même portraitiste de renom. Sa famille déménage à Paris lorsqu’il est encore enfant, lui permettant de s’inscrire dans l’atelier du peintre Lecoq de Boisbaudran à partir de 1851, à la Petite École de dessin. Son maître a une manière d’enseigner tout à fait originale : ancien peintre ayant renoncé à ses ambitions pour se tourner vers la carrière de professeur, Lecoq de Boisbaudran a développé une méthode d’apprentissage consistant à développer sa mémoire picturale afin de peindre avec, pour seul modèle, les images de son esprit. Il attendait de ses élèves qu’ils développent le plus possible leur sensibilité et leur perception. En parallèle de ses cours, Henri arpente les couloirs du musée du Louvre, découvrant et copiant avec grand intérêt les maîtres de la peinture, dont Titien, Van Dyck ou encore Watteau, chez qui il puisera son inspiration !
En 1854, Henri Fantin-Latour entre à l’Académie des Beaux–Arts et fait tour à tour la rencontre de Manet, Degas et Whistler. Plus tard, il rencontre également Gustave Courbet et se rend de temps à autre à son atelier. Mais c’est surtout la rencontre avec Whistler, un peintre anglais venu étudier et travailler à Paris, qui le marque le plus. A ses côtés, Fantin-Latour se rend à plusieurs reprises en Angleterre, à Londres, où ses œuvres commencent très vite à se faire remarquer ! Ce début de succès permet à Fantin-Latour de s’associer avec Edwin Edwards, qui deviendra son marchand attitré. C’est aussi l’occasion pour lui d’échanger avec ses confrères britanniques, notamment Dante Gabriel Rossetti, fer de lance du préraphaélisme.
Alors que quatre de ses peintures avaient été refusées par le Salon Officiel, l’institution grand juge de la qualité d’un artiste, Fantin-Latour fini par y être accepté en 1861. En 1864, il y est accueilli une fois de plus et y expose notamment sa toile Scène de Tanhäuser, attestant par son sujet tiré d’un opéra de Wagner de ses recherches esthétiques à la croisée des mondes picturaux et musicaux. Entre-temps, Fantin-Latour participe au Salon des Refusés, où se réunissent la plupart des représentants de l’impressionnisme. Tout en étant donc très lié à ce mouvement artistique par ses affinités personnelles, il restera toujours attaché à l’Académisme. D’autant qu’à partir de 1864, ses toiles seront exposées chaque année au Salon !