Né en 1899 à Namur en Belgique, Henri Michaux est un poète et peintre franco-belge
Son œuvre parcourt les thématiques de l’espace intérieur, du mysticisme mais aussi de la drogue, en accordant une place prépondérante à la nuit et à la figure fuyante du « moi ». Pour Henri Michaux, l’art est un véritable outil d’exploration et doit permettre à l’homme de découvrir en lui des espaces insoupçonnés.
Henri Michaux est issu d’une famille bourgeoise : son père accède très vite au statut de rentier et décide de s’installer à Bruxelles avec sa famille. C’est dans la capitale belge que se déroule son adolescence, marquée par une mauvaise expérience du pensionnat dans ces années de collège et par une affection cardiaque chronique. Cette dernière va hanter pendant des années Michaux, qui reviendra à plusieurs reprises sur l’expérience du corps souffrant dans sa poésie.
Il passe des années de lycée heureuses chez les jésuites de Bruxelles et découvre avec stupéfaction l’œuvre de l’écrivain Lautréamont, lecture après laquelle il décide de se consacrer à sa une vocation littéraire… Mais il est curieux et rêve d’ailleurs : en 1918, ne pouvant s’inscrire à l’université du fait de la Première Guerre mondiale, il se consacre pendant une année entière à des lectures personnelles et, l’année suivante, abandonne ses études de médecine à peine commencées pour embarquer comme simple matelot pour l’Amérique latine.
A son retour, Michaux commence à écrire ses premiers textes, lesquels paraissent en septembre 1922 dans la revue surréaliste belge Le Disque Vert. Déjà, la réflexion sur l’identité insaisissable de l’homme fait partie de ses réflexions, en témoigne l’article Les idées philosophiques de Qui je fus qu’il publie dans le périodique. En 1923, Michaux quitte sa Belgique natale pour s’installer à Paris ! Sur place, il devient le protégé du poète surréaliste Jules Supervielle avec qui il partage une même passion pour les voyages et l’Amérique du Sud. Grâce à lui, il découvre les milieux littéraires de la capitale et se lie bientôt avec Jean Paulhan et André Gide, par le biais duquel il rencontre Gallimard qui accepte de publier son recueil Qui je fus en 1927.
Encore et toujours attiré par l’exploration du monde, il part pendant une année en 1928 en Equateur, et publie Ecuador à son retour. Le succès critique de son livre est immédiat et l’encourage à publier d’autres ouvrages tels que Mes Propriétés et, en 1930, à la suite de la mort de ses parents, Un Certain Plume. Inspiré par le personnage de Charlot, « Plume » est un personnage semi-autobiographique, une figure chétive, trouée, comme lui.
Entre 1930 et 1938, Henri Michaux alterne entre périodes de publications et voyages en Asie et en Europe. C’est à cette époque que paraît Un Barbare en Asie, ainsi que la Nuit remue. Ce dernier recueil, sorti en 1935, lui permet de se voir consacrer en tant qu’écrivain par la critique littéraire. En 1940, il effectue un nouveau voyage au Brésil. Pour Michaux, le voyage est une manière d’être ! A son retour, il trouve refuge dans le Midi pour échapper à la guerre et se lance dans une activité intense de peintre. Sa peinture, qu’il perçoit comme un prolongement de son œuvre, se déploie dans des figures informes, hallucinantes, avec une même obsession pour les divers états de la conscience. En février 1944, il publie l’Espace du dedans, suivi de La Vie dans les Plis en 1949, deux recueils qui le rendent célèbre. L’année d’avant, la mort de sa femme dans un accident domestique – un incendie provoqué par un système de chauffage à gaz, il publie Nous deux encore.
Dans les années 1950, un certain nombre de ses ouvrages sont écrits sous l’influence de la drogue. Afin de développer son écriture et d’approfondir l’observation de ses états intérieurs, Michaux se sert de ses substances comme d’outils d’exploration des mécanismes de la pensée. Il meurt le 19 octobre 1984 d’un arrêt cardiaque. Sa vie reste aujourd’hui entourée d’un halo de mystère, le poète et peintre s’étant montré assez pudique sur sa vie personnelle. Seul un court texte autobiographique, qu’il publie chez Bréchon et qu’il intitule Quelques renseignements sur cinquante-neuf années d’existence, permet d’en connaître un peu plus sur son existence…