Ainsi, lorsqu’il obtient son baccalauréat, Dubuffet part-il s’installer, à tout juste 17 ans, dans le quartier latin à Paris afin de perfectionner sa technique à l’Académie Julian. Mais l’influence des avant-gardes et des écrivains modernistes le pousse à croire que la création artistique doit s’inspirer de la vie quotidienne, il décide alors de quitter l’académie pour travailler seul.
En 1923, pendant son service militaire, Dubuffet se met à douter de lui-même et du bien-fondé du statut de l’artiste : serait-il un spectateur passif alors qu’il tient quant à lui à prendre réellement part à la vie active ? Après un voyage en Argentine, Dubuffet choisit finalement de s’impliquer dans l’affaire familiale.
En 1927 Dubuffet se marie. A l’issue de son voyage de noces, son père décède. L’artiste quitte alors Le Havre pour Paris, où il a déjà fondé un négoce de vins à Bercy, avec son épouse et sa toute jeune fille Isalmina. Mais sa vie conjugale va de mal en pis au point que Dubuffet fuit le foyer et trouve refuge en Suisse. À son retour, les Dubuffet se séparent et l’artiste met son commerce en gérance pour se consacrer de nouveau à la peinture qu’il a délaissée pendant 8 ans. Après seulement 6 mois de célibat, Dubuffet rencontre son âme sœur : Émilie Carlue dite « Lili ».
Entre 1937 et 1942, Dubuffet quitte une nouvelle fois la peinture, forcé à reprendre les activités vinicoles pour sauver son négoce de la faillite. Il est ensuite mobilisé par l’armée française mais son désir de peindre ne le quitte plus.
Durant l’hiver 1943-1944, Dubuffet s’adonne à l’expérimentation de la lithographie sur des thèmes et des techniques variées ; grattages et écorchures leur confèrent parfois l’allure de graffitis. Mais le véritable tournant de son histoire – et de celle de l’art – intervient en 1945 lorsqu’il nomme « art brut » cette expression appréciée des marginaux et des fous, un art qui le fascine et qu’il collectionne à titre personnel depuis plus de vingt ans.