Philobitude
Karel Appel est un artiste néerlandais cofondateur du groupe CoBrA en 1948, à l’origine d’un profond renouveau de l’art moderne.
Appel naît en 1921 à Amsterdam. Initié par son oncle à la peinture dès l’âge de 15 ans, il s’inscrit à l’Académie royale des Beaux-Arts de sa ville dont il sortira diplômé en 1943.
Ses premières œuvres témoignent de l’influence des peintres coloristes et abstraits comme Henri Matisse ou Paul Klee. Au cours de ses études, il côtoie des camarades qui deviendront ses amis et collaborateurs à l’instar de Cornelis van Beverloo, dit Corneille. Dès 1948, les deux peintres commencent à exposer ensemble et bientôt le duo se transforme en trio après leur rencontre avec Constant Nieuwenhuys, dit Constant. Ensemble, les trois artistes forment un groupe expérimental nommé Niderlandse Experimentale Groep, ancêtre de la revue Reflex fondée par Appel. Tous trois s’opposent au courant de l’abstraction géométrique, alors prédominant sur la scène artistique néerlandaise.
Et c’est tout naturellement que le groupe de la revue rejoint, en 1949, le groupe CoBrA. Formé à partir des premières lettres des villes de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam, CoBrA regroupe un collectif d’artistes issus des avant-gardes d’Europe du Nord : le danois Asger Jorn et les belges Joseph Noiret et Christian Dotremont. Malgré sa courte existence – le groupe se sépare en 1951 – le collectif aura une influence considérable sur le paysage artistique moderne ! Bien que les membres soient liés par une même vision révolutionnaire et utopique, celui-ci accueille diverses tendances : une frange explore notamment le pouvoir de l’imagination et le psychique à travers des figures mythologiques. Karel Appel s’inscrit quant à lui dans un art expérimental plus inspiré de l’action painting américain. Ainsi, lorsqu’il s’installe à Paris en 1950, ses toiles témoignent-elles d’un souci matiériste et spontané. Il les expose dans un premier temps en France, où son talent est applaudi par les critiques Michel Ragon et Michel Tapié, mais doit attendre plus de dix ans avant de se faire reconnaître à l’international.
Alors qu’il préfère dans un premier temps l’absence de référence à une réalité extérieure, Appel décide progressivement de retourner vers un dessin primitif, enfantin, plus approprié à ses yeux pour exprimer le vide de la société contemporaine. Le fil conducteur de son travail est la spontanéité : sur des surfaces bariolées, Appel s’exprime à forces de jets et de couleurs, qu’il appose avec agitation et empressement. Souvent comparé aux représentants de l’expressionnisme abstrait américain ou à Jackson Pollock, l’artiste développe une approche expérimentale de l’art caractérisée par l’importance du geste et de sa vitalité. En peinture mais aussi en sculpture et dans des installations d’art.
Soucieux de trouver un langage pictural propre à son époque, Karel Appel accueille dans une création polymorphe une grande variété de techniques et de matériaux. Ainsi a-t-il souvent recours à des objets de récupération comme il le fait dans son Appel Circus de 1978 : l’installation présente des personnages en bois assemblés avec des matériaux recyclés et peints dans des couleurs extrêmement vives, évoquant par leurs formes et leurs ornements le monde du cirque et des acrobates.
Il meurt en mai 2006 lors d’un voyage à Zürich, en Suisse.
Lucie Rollin