Philobitude
Né en 1890 dans le Wisconsin aux États-Unis
Mark Tobey est un peintre américain principalement connu pour son approche zen, ses compositions abstraites et sa touche inspirée de la calligraphie chinoise.
D’origine modeste, Mark Tobey grandit dans une famille britannique ayant émigré aux États-Unis. Le jeune homme de Chicago doit très tôt interrompre ses études pour travailler et aider financièrement ses parents. Pourtant, Tobey n’abandonne pas le dessin et étudie l’art en parallèle. Sa première formation artistique se limite à de simples cours de pastel qu’il suit à l’institut des arts de Chicago. Pour vivre, il réalise des copies de couvertures de magazines pour le Saturday Evening Post. Tout au long de sa vie, Mark Tobey sera en quête de connaissance, à la manière d’une initiation solitaire et lente, qui le pousse à explorer des domaines d’expression extrêmement divers.
En 1911, il s’installe à New-York où il gagne sa vie en étant portraitiste et dessinateur de mode. Ce mode de vie lui convient au point qu’il envisage un temps de s’investir corps et âme dans cette voie, pensant pouvoir se faire connaître grâce à cette clientèle du monde de la mode. L’année 1918 est décisive pour le jeune homme puisqu’il se convertit au bahaï, une religion abrahamique et monothéiste prônant l’unité spirituelle de l’humanité. Mark Tobey est sensible au fait que le Bahaïsme enseigne que la révélation n’est pas miraculeuse mais qu’elle résulte d’une approche et d’une conviction spirituelle ouvrant à une compréhension nouvelle du monde. Cette vision influence sensiblement le travail de Tobey qui rejoint Seattle en 1922 afin de fuir les tentations de la Grande Pomme. Il y rencontre le peintre chinois Teng Kuei qui l’initie à la calligraphie, technique millénaire considérée en Extrême-Orient comme l’art majeur le plus prestigieux qui soit. Dans les années 1920, Mark Tobey voyage en Europe et au Moyen-Orient où il se passionne pour les écritures persanes et arabes.
A son retour sur la côte est en 1928, Tobey cofonde la Free and Creative Art School et, l’année suivante, rencontre l’un historien de l’art Alfred Barr qui sera quelques années plus tard le premier directeur du MOMA de New York. Entre 1930 et 1934, Mark Tobey voyage à travers les États-Unis et fait notamment la connaissance du potier britannique Bernard Leach. A ses côtés commence alors une véritable fascination pour le Japon et le mouvement Mingei (« mouvement de l’art populaire ») inspiré de William Morris et des Arts & Crafts.
En 1934, Mark Tobey s’envole pour la Chine et le Japon où il s’isole dans un monastère zen à Kyōto. Le peintre se lance alors dans ses premières « écritures blanches », prémices du dialogue qu’il vise à établir entre le visible et l’invisible. En 1958, l’œuvre de Mark Tobey est couronnée par le Grand Prix de la Biennale de Venise et, en 1961, une première grande rétrospective lui est consacrée au musée des Arts Décoratifs de Paris. Son succès critique et public est alors total.
En 1963, Mark Tobey axe son travail de manière plus affirmée vers le recueillement et une célébration presque silencieuse de la nature. Son abstraction est alors qualifiée de « secrète », en opposition avec des peintres à la touche plus agressive comme Jackson Pollock, chantre de la peinture gestuelle et père de l’expressionnisme abstrait américain.
Marqué dès l’enfance par l’Orient, Mark Tobey se démarque sensiblement des codes de son temps. Tout au long de sa vie, le peintre opère une fusion entre des traditions millénaires, telle que la calligraphie, et des procédés novateurs, à l’image de la veine résolument abstraite qui est la sienne.
Cassandre Costa