Lors d’un séjour en Catalogne, pour exercer en tant que dessinateur de tissus, il découvre l’architecture et l’art roman dont il s’inspire pour peindre ses toutes premières œuvres de facture plutôt classique. Son style se nourrit alors de ce qu’il intègre en autodidacte et témoigne d’une observation prolongée des tableaux des grands maîtres tels que Nicolas Poussin et, surtout, Paul Cézanne. En 1924, après avoir complété son apprentissage, Estève s’inscrit aux cours de l’atelier libre de l’Académie Colarossi dans le quartier de Montparnasse. Pendant quelques mois, Maurice Estève produit des tableaux encore attachés à une représentation mimétique du monde tels que des paysages ou des natures mortes, tout en étant ouvert aux idées des cubistes et des surréalistes.
En 1930, Maurice Estève fait l’objet de sa première exposition personnelle à la galerie parisienne Yvangot, où il se fait remarquer par le critique d’art Maurice Raynal. Les toiles qu’il y dévoile se détachent déjà d’une représentation mimétique et marquent une appropriation singulière des théories du cubisme avec des formes encore reconnaissables, empruntant leurs contours à la couleur, aux formes géométriques et aux arabesques. Bien qu’il se soit fait remarquer par Raynal, éminente figure de la scène artistique française, Maurice Estève peine encore à se faire connaître et à construire sa réputation. A la fin des années 1930, il pense sérieusement à changer de voie et notamment à se tourner vers la mise en scène et le cinéma. Ainsi en 1937, à l’occasion de l’Exposition Internationale, Estève est chargé de décorer les pavillons de l’Air et des Chemins de Fer, en collaboration avec Sonia et Robert Delaunay.