A partir de 1952, Paul Jenkins entame un cycle de voyages en Europe, où il s’initie à la philosophie orientale et étudie les œuvres de ses maîtres. Passionné d’histoire de l’art, Paul Jenkins développe une approche poétique et philosophique de la peinture, tentant à travers ses traits, aplats et associations de couleurs de construire une composition invitant à la réflexion méditative, à l’instar de Mark Rothko.
Après son installation à Paris en 1953, la galerie Paul Facchetti lui signe un contrat. L’année suivante, Jenkins expose à Seattle et à New York, rencontrant à chaque fois un franc succès. Sa formation initiale de céramiste continue de le poursuivre au point d’intégrer dans ses tableaux des émaux. Dans les années 1960, son travail est exposé à travers le monde, comme à Tokyo et à Amsterdam. Partageant désormais sa vie entre New York et Paris, où il continue de peindre sans cesse, Paul Jenkins se lie d’amitié avec des artistes contemporains comme Jean Dubuffet ou les peintres japonais du mouvement Gutai. En 1965, il fait l’objet d’un documentaire, The Ivory Knife, qui raconte son activité de créateur et le montre en train de peindre ses tableaux abstraites. A l’écran, Jenkins travaille à l’huile, l’aquarelle et à l’acrylique, en faisant couler le liquide directement sur la toile, pour lui donner cette liberté de mouvement si caractéristique. Bien qu’associé aux mouvements de l’abstraction , Paul Jenkins qualifiait pourtant son travail d’ « abstraction phénoménale », se référant à la philosophie kantienne des noumènes. A ses yeux, la couleur est dotée de se propre signification et doit être représentée de manière signifiante. En ce sens, le sujet premier de l’œuvre de Jenkins est la couleur perçue en tant que matière. Reconnu à l’échelle internationale et ayant fait l’objet de son vivant de nombreuses rétrospectives, Paul Jenkins meurt à New York en 2012, sans avoir jamais cessé de se pencher sur la peinture et son sens dans le monde.