Philobitude
Né à Fontenay-aux-Roses en 1867
Pierre Bonnard, surnommé le « peintre du bonheur » ou « le dernier des impressionnistes », est l’un des artistes coloristes les plus importants du début du XXe siècle.
Pierre Bonnard grandit en banlieue parisienne entouré de ses parents, de son frère et de sa sœur Andrée, dont il est très proche. Chaque été, la famille se rend dans le Dauphiné chez leur grand-père paternel dans sa propriété de Grand-Lemps. C’est là que Bonnard découvre les joies de la nature et qu’il peint ses premières œuvres. Élève doué, le jeune Pierre effectue une scolarité sans encombres et s’inscrit à la faculté de droit en 1866 afin de satisfaire les ambitions paternelles. Mais le jeune homme n’oublie pas sa passion pour autant ! Il s’inscrit en effet à l’Académie Julian à Paris et s’y lie d’amitié avec des camarades qui deviendront ses pairs, tels Paul Sérusier ou Maurice Denis. Plus tard, à l’École des Beaux-Arts, Bonnard rencontrera ses futurs meilleurs amis : les peintres Édouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel. Alors qu’il n’avait jamais voulu faire de choix entre son droit et ses études artistiques, Bonnard vend sa première œuvre en 1899, un succès qui le décide à braver la carrière de peintre. La même année, l’artiste prend part aux réunions des Nabis fondé par Sérusier, dont la toile Le Talisman est une véritable révélation – celle de la couleur ! – pour tous les jeunes artistes de l’époque. Les toiles de Gauguin accrochées au café Volpini l’été de la même année constituent une autre révélation pour Bonnard, tout comme l’exposition d’art japonais qui s’y tient en avril 1890. Ces différentes influences nourrissent la réflexion artistique de Pierre Bonnard. Lorsqu’il expose pour la première fois au Salon des Indépendants en mars 1891, puis en décembre aux côtés des nabis, on remarque chez lui les dernières traces des impressionnistes tout en le qualifiant avec malice de « nabi très japonard »! Son œil alerte intègre tout ce qu’il voit dans une création où règne une sensation de clarté, imprégnant chaque toile d’une force qui relève presque de l’incandescence.
Des Nabis, Pierre Bonnard retient l’idée selon laquelle l’art peut être décoratif et doit impérativement opérer un retour vers la subjectivité de l’artiste. De Gauguin, il conserve un cadrage original, qui se joue de la perspective traditionnelle afin d’entrer dans une plus grande intimité avec les personnages de la composition. C’est le début du succès pour le peintre : en 1893, il participe à la Revue Blanche des Nabis et se rapproche de son directeur, Thadée Natanson, et de sa femme Misia Sert dont il fera sa muse. Dans le même temps, Marthe de Méligny – de son vrai nom Maria Boursin – devient son modèle privilégié. Elle ne le quittera plus et deviendra sa femme en 1925.
Séjournant entre Paris et le sud-est de la France, la peinture de Pierre Bonnard évolue vers un style très personnel. Le peintre affectionne tout particulièrement les compositions intimes, comme le prouve sa toile Le Déjeuner des Enfants conservée au Musée des Beaux-Arts de Nancy. Entre 1913 et 1915 cependant, Bonnard traverse une crise artistique, persuadé d’avoir trop sacrifié la forme au profit de la couleur et soucieux d’opérer un tournant dans sa création. C’est le début de ses grandes toiles inspirées des paysages de la Méditerranée. Il affectionne tellement cette région qu’il achète une propriété au Cannet quelques années plus tard, recevant collectionneurs internationaux et peintres, et particulièrement son ami Henri Matisse. A partir de la fin de la Première Guerre mondiale, sa renommée prend de l’ampleur et se diffuse à l’échelle internationale, comme en témoigne une première exposition particulière organisée à New York en 1928.
La fin de sa vie est marquée par des pertes successives, celle d’Édouard Vuillard, qui l’affecte profondément, puis celle de son épouse Marthe. Lorsqu’il décède en 1947, Bonnard fait l’objet de grandes célébrations au Musée de l’Orangerie ainsi qu’à New York.
Lucie Rollin