A partir des années 1980, elle intègre à sa production de sculptures de nombreux éléments mécaniques. Sa Machine Paon reproduit par exemple les mouvements de roue de l’animal, déployant en un demi-cercle de longues plumes blanches. Inspirée par l’esprit surréaliste (avec Brancusi, Jean Genet et Pier Paolo Pasolini en tête), Rebecca Horn franchit les frontières artistiques de manière subversive afin de lier un même ensemble composé de fantasmes remontant à la mythologie – le paon, le corps automate… – ainsi qu’au théâtre, mais aussi au cinéma et à la scénographie de l’objet. L’évolution de son travail est par ailleurs souvent perçu comme un passage de l’état de souffrance, marquée par son affection pulmonaire, à celui d’une libération progressive, imprégné d’un monde imaginaire aux limites de plus en plus larges, ou de plus en plus floues.
Rebecca Horn a également réalisé plusieurs films, tels que La Ferdinanda : une sonate dévoilée à la Villa Médicis en 1981 où elle joue là encore avec la son corps et ses imperfections. Avec beaucoup d’humour, et un certain goût pour l’étrange, Rebecca Horn travaille ainsi à défaire les mécanismes d’une société où l’apparence, la beauté, font partie des valeurs partagées. Son travail est reconnu à l’échelle internationale : elle participe ainsi depuis 1975 régulièrement aux Biennales de Paris, de Venise et de Montréal, et est exposée dans des dizaines de pays. Par ailleurs, depuis 1989, elle est élue à l’Académie des Arts de Berlin. Elle partage désormais sa vie entre ses ateliers de Berlin et de Paris.
Lucie Rollin