Susan Rothenberg passe son enfance dans les environs de New York et, alors que ses parents imaginent pour elle une carrière et un mariage classiques, la jeune femme développe rapidement une passion dévorante pour la création. Influencée par un grand-père peintre en bâtiment et par un ami de ses parents amoureux de la peinture, elle explore très jeune son intérêt pour la peinture. Durant sa jeunesse, Susan Rothenberg, fan inconditionnée de rock n’roll, suit également des cours de danse moderne. Durant ses études secondaires, Susan s’inscrit aux cours de sculpture de l’Université de Cornell. Ce sera bref : quelques mois plus tard, elle quitte l’université après s’être fait dire qu’elle n’avait pas de talent pour la sculpture. Après un séjour de 5 mois en Grèce sur l’île d’Hydra, Rothenberg retourne à Cornell et change de filière pour suivre finalement des cours de peinture. Par la suite, la future artiste complète sa formation en s’inscrivant à l’école d’art de Washington, mais abandonne une nouvelle fois, après seulement deux semaines passées dans l’établissement ! De la même manière, après avoir décidé de se rendre en Nouvelle-Écosse, au Canada, elle change son billet en cours de route pour finalement se diriger vers New York ! Grâce au soutien financier de ses parents et au réseau qu’elle s’est constitué à Cornelle, Susan Rothenberg atteint un niveau de vie convenable. Pendant un certain temps, elle travaille avec Joan Jonas et Nancy Graves, deux artistes qui marqueront avec elle l’histoire de l’art contemporain et avec qui elle effectue des performances artistiques. Assez vite, Susan Rothenberg se retrouve donc au coeur de la vie artistique new-yorkaise : c’est au cœur de ce cercle d’artistes, de danseurs, de sculpteurs et de peintres, qu’elle rencontre lors d’une performance celui qui deviendra son mari en 1970, le sculpteur George Trakas. C’est à la même époque que la production de peinture de Rothenberg commence à prendre de l’importance. En 1974, elle inaugure sa célèbre série Horses, après avoir appliqué une ligne verticale sur une toile et y avoir ajouté une figure équine. L’année suivante, elle expose seule pour la première fois dans le quartier de Soho. Ses toiles, caractérisées alors par l’ajout, sur des fonds à la palette ocre, de silhouettes de chevaux, sont très bien accueillies par le public, en témoigne le mot du critique d’art Peter Schjeldahl évoquant un « moment Eureka » pour l’artiste. En 1978, elle obtient la reconnaissance internationale en étant exposée aux côtés d’autres artistes contemporains au Whitney Museum dans le cadre de l’exposition New Image Painting. A partir des années 1980, tout en gardant un réel attrait pour le thème du cheval, Rothenberg élargit petit à petit le spectre de son oeuvre en intégrant notamment d’autres figures animalières telles que des oiseaux ou des chiens. Ses toiles texturées, sa touche dynamique et son utilisation des figures comme moyens d’expression artistique ont contribué à faire d’elle une représentante du néo-expressionnisme. Avec son deuxième mari, l’artiste Bruce Nauman, rencontré lors d’un dîner en 1988, elle s’installe dans les années 1990 à Galisteo, au Nouveau Mexique, dans un ranch. Elle fait alors l’expérience de l’isolement géographique, et trouve dans les paysages désertiques un nouveau terrain d’aspiration, s’amusant à creuser dans le sol pour retrouver des fossiles et des restes de flèches, en véritable archéologue. Elle y meurt en 2020 à l’âge de 75 ans.