Les Arts indo-portugais
Les premiers navigateurs portugais, pionniers de la mondialisation il y a près de cinq siècles, ont toujours été prêts à aller partout… et toujours de l’avant !
En 1492, Christophe Colomb pensait rejoindre les Indes par l’ouest. Cinq ans plus tard, Vasco de Gama, lui, y parvenait en empruntant les voies de l’Orient. A l’époque, pas de canal de Suez pour atteindre la Mer Rouge ! Il fallait caboter autour de l’Afrique et franchir le cap de Bonne-Espérance pour enfin jeter l’ancre à Calicut après huit mois d’un voyage en mer des plus risqués.
Au XVIe siècle, les Européens se livrent à une compétition inédite en matière de conquêtes lointaines. Les plus visionnaires perçoivent qu’un autre type de guerre est en train de voir le jour : celle du commerce. En la matière, les Portugais ont une nette longueur d’avance. Tandis que les Espagnols confortent leur présence sur le sol Sud-Américain, les Portugais filent jusqu’en Extrême-Orient et atteignent la Chine en 1513.
Goa la richissime, tel est le surnom de l’une des cités les plus connues du sous-continent indien. Dans cette ancienne colonie portugaise surnommée la « Rome de l’Orient », des artisans produisent les premières sculptures en ivoire. En route vers les Indes, les navigateurs lusitaniens créent des comptoirs commerciaux en Afrique et y chassent l’éléphant. Leurs défenses sont ensuite entassées dans les cales des navires pour être ensuite travaillées à Goa. Lorsqu’en 1542, le futur Saint François-Xavier débarque en Inde pour évangéliser les locaux, des dizaines d’atelier voient le jour. Rapidement, des centaines de représentations de la Vierge, petits retables ou autres Christ au Bon Pasteur sont rapportées en Occident.
Les créations de Gujarat, une région du nord de l’Inde, sont un passage obligé pour les amateurs de la spécialité. Coffrets, coupes, bassins, poires à poudre… Il n’était pas rare qu’une fois rapporté en Europe, ces objets soient retravaillés, transformés et enrichis par des artisans ou ferronniers. A l’image du célèbre coffret de François Ier conservé au Musée du Louvre, enrichi au XVIe siècle d’une monture en argent par Pierre Mangot, premier orfèvre du roi de France. Au XVIIe siècle, les bouteilles en nacre de Gujarat sont particulièrement appréciées des Britanniques.
Au retour de sa première expédition, Vasco de Gama rapporte des porcelaines chinoises négociées au Inde. La demande des Européens est telle que des assiettes sont dessinées sur le vieux continent avant d’être envoyées en Inde où des intermédiaires chinois se chargent de produire et livrer la précieuse marchandise pour le voyage du retour. Si la Compagnie des portugaise des Indes orientales ne voit le jour qu’au siècle suivant, sous l’impulsion de Philippe III d’Espagne, les routes sont bel et bien ouvertes et les contacts établis dès le premier quart du XVIe siècle par les Portugais.
D.A.C.